Genèse

Après une première enquête de l'égalité femmes-hommes menée en 2017 en partenariat avec le mouvement HF, les fédérations Grand’Rue et AURA ont mené en 2019 leurs premières enquêtes de l'égalité Femmes-Hommes sur leur territoire. De ces premiers échanges concernant notamment l'application d'une méthodologie commune, sont nées l'envie et la nécessité de mettre en place un chantier spécifique transversal dans nos fédérations régionales. Une première rencontre thématique « Mettre en place une réelle parité dans les projets artistiques et culturels » a été tenue lors de l'Université Buissonnière de Limoges en février 2019. Une trentaine de personnes issues de différentes fédérations régionales ont participé à ce temps confirmant l'urgence de s'emparer de ce sujet. La commission interrégionale est née lors de ce temps. La commission a été rejointe par La Férue, le Ministère de la Ruépublique, la Fédération Nationale, Pôle Nord, Pôle Sud et Bourgogne-Franche-Comté.

 

à lire : le dernier rapport d'activités (2023)

Objectifs

Désormais forte de 8 fédérations, la commission s'est donné pour objectif principal de favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux postes à responsabilité, aux lieux de décision, aux moyens de production, aux réseaux de diffusion, à la visibilité médiatique. Elle entend déconstruire les représentations genrées, tant dans l'expression artistique que dans l'organisation du travail. Elle souhaite valoriser la création féminine dans son champ artistique, influer sur les politiques publiques, œuvrer à une juste répartition des subsides, améliorer la capacité d’agir sur les parcours professionnels à travers la baisse des inégalités et la mise en place de nouvelles pratiques.

La commission se donne 6 axes de travail :
1.faire un état des lieux qualitatif et chiffré : s'observer, se compter
2.influer et se faire entendre pour plus d'équité : pédagogie et lobbying auprès de l'État, des collectivités, des organisations sociales et structures organisant la profession
3.sensibiliser et communiquer : publier chiffres et rapports, campagnes sur les réseaux sociaux, être présents aux rencontres professionnelles, mutualiser les approches entre réseaux
4.mettre en place une veille sur les questions de harcèlement sexiste et sexuel dans nos métiers
5.militer et agir auprès des professionnels comme des publics : actions sur les festivals Arts de la Rue et temps forts des fédérations
6.se former : se donner des outils concrets et augmenter les compétences pour lutter contre le harcèlement sexiste et sexuel et pour permettre aux femmes de briser le plafond de verre.

Comptages

Consciente de ces inégalités et de la lente progression malgré l’adoption de la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes (2014), la commission Égalité des genres dans les Arts de la Rue souhaite contribuer à ces analyses en créant ses propres données. Celles-ci permettent d’étudier la part des femmes dans le secteur des arts de la rue, et de contribuer à la veille statistique.

 Une première enquête concernant les chiffres 2019 a été publiée en 20218. Celle-ci a permis à la commission de tirer deux constats majeurs : la majorité des aides est attribuée à des compagnies dirigées par des hommes, et la moitié des programmations de festivals étudiées dans nos régions comptait moins de 20% de représentations portées par des femmes.

 En 2023, une deuxième enquête a été publiée. Elle porte sur les données de l’année 20219 et concerne 5 régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) ainsi que des données nationales. Elle a mis à jour plusieurs tendances :

- Les compagnies d’arts de la rue restent en grande majorité dirigées par des hommes (50% sont dirigées par des hommes, 25% par des femmes, 13% de manière paritaire, et 13% collectivement).

 

- Les compagnies dirigées par des femmes perçoivent toujours de moindres subventions que les compagnies dirigées par des hommes, à parité ou par des collectifs.

 

- De plus en plus de compagnies ont une direction collective, et dans un même mouvement de plus en plus de compagnies dirigées par des collectifs sont soutenues par les institutions. Si cette horizontalité est souhaitable dans la perspective d’un modèle plus juste où le pouvoir serait mieux réparti, la catégorie de “collectif” a néanmoins le défaut de gommer les inégalités de genres et d’invisibiliser les femmes présentes au sein de ces collectifs.

 

- Les spectacles portés par des femmes représentent toujours en moyenne 24% des programmations en festival. Les festivals dont la direction artistique est assurée par une ou des femmes ont toutefois un meilleur score : 29% de femmes programmées en moyenne.

 

Dans un souci de rester vigilant·es sur l’évolution de notre secteur, nous avons choisi de publier dès 2024 les chiffres concernant les programmations des festivals d’arts de la rue en 2023. Cette enquête “flash” concerne 6 régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts- de-France, Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.

Nous avons conscience que les catégories «hommes» et «femmes» créent une binarité qui ne rend pas justice à la complexité des questions de genre. Nous travaillons à faire évoluer nos méthodes de comptage et de catégorisation de façon à mieux refléter la réalité, et à avoir une analyse plus précise.

 

À lire : l'enquête 2023

 

 

Ressources Vivantes du Matrimoine des Arts de la rue

Ce projet a été déposé dans le cadre de l'appel à projet Recherche du Ministère de la Culture. Il est porté par la Fédération AURA. Il participe à la construction d'un début de fond de ressources et de réflexions pour le Matrimoine des Arts de la Rue et dans l'Espace Public. Il a s'agit de filmer dix portraits de créatrices selon une trame d'interviews. Ils serviront de support de réflexions et de matière à analyses scientifiques.

Sophie Denave, sociologue, au travers d'un questionnaire rédigé et analysé par ses étudiants, a travaillé sur les inégalités de genre dans les Arts de la Rue. Pour exemple, le questionnaire révèle que les femmes artistes sont plus diplômées que les hommes et perçoivent des salaires moins importants ; ou encore que dans l’échantillon de répondants, les hommes de 50-70 ans sont plus nombreux dans cette tranche d’âge et qu’inversement les femmes sont plus nombreuses dans la tranche de 19 à 39 ans.

Pour sa part, Corinne Luxembourg, géographe, analyse le rapport des femmes créatrices à l’espace public. Elle interroge ce que le rapport genre/espace public fait au rapport espace public/performance artistique. Son rapport devrait être rendu d'ici fin 2023.

Les interviews sont visibles sur le site d'Artcena, partenaire du projet dans un dossier thématiques "Matrimoine". Une interview de Nathalie Veuillet, porteuse du projet est à lire sur le site du Ministère de la Culture.

 

à voir :

les interviews complètes

l'entretien avec Nathalie Veuillet, porteuse du projet

 

à lire:

"Négocier avec l'espace public : un matrimoine des arts de la rue?" de Corinne Luxembourg

(Dé)formation professionnelle " Préparer sa candidature à la direction de lieux ou festivals labellisés Arts de la Rue : Brisons le plafond de verre"

En 2022, à la demande de la commission Égalité et sur une idée de Nathalie Veuillet, un expert en formation (Philippe Fabre) a rédigé une maquette dont les objectifs sont :

- de confirmer/valider et acquérir les compétences et les connaissances pour diriger un établissement ou un festival dédié aux Arts de la Rue
- d'identifier les démarches et s'approprier les techniques et les attitudes pour présenter et soutenir efficacement leur candidature à ce type structure

- de commencer à préparer leur prise de fonction et la mise en œuvre de leur projet. Superstrat en tant qu'organisme de formation agréé en est la structure porteuse.

 

 

Cette formation a ensuite été portée par Superstrat qui en a assuré toute l'ingénierie de formation, sa promotion. À l'été 2022, les candidatures ont été ouvertes et 14 candidates ont été retenues pour les 2 sessions de formation : du 23 au 27 janvier 2023 aux Ateliers Frappaz et du 6 au 10 mars à L'Usine de Tournefeuille. Cette formation a reçu le soutien du Ministère de la Culture.

Une prochaine session de formation sera organisée en 2026.

 

À voir : le programme de la session 2023